SUPPRIMER TOUTE RÉFÉRENCE AU PASSÉ

«Tout casser pour remettre les compteurs à zéro n’est pas une option», soutient Gaëlle Ottan, cofondatrice de 1001startups (conseils pour start-uppeurs). Si, pour pulvériser un marché existant, une start-up peut prendre le risque d’inventer un business model inédit en partant d’une feuille blanche, une grande entreprise n’a, pour sa part, guère intérêt à prendre de tels risques. Elle devra plutôt s’appuyer sur son expérience et tester pas à pas de nouveaux concepts. C’est la stratégie adoptée par Michelin, qui a expérimenté plusieurs approches avant d’intégrer des capteurs à ses pneus pour, non plus les vendre, mais les louer «au kilométrage», comme un service. Une transformation tout en douceur.

PRENDRE DES VIRAGES À FOND DE TRAIN

Engagées dans une course effrénée, «les start-up perdent parfois leur bon sens paysan», analyse Gaëlle Ottan. Si foncer tête baissée leur permet parfois de faire des miracles, ce modèle fondé seulement sur la rapidité est aussi une chimère. Créé en 2006, BlaBlaCar a déjà changé six fois de business model ! Pas forcément la stratégie qui convient à une entreprise déjà installée. Face à la transformation numérique, ne vous précipitez donc pas en bricolant votre appli à toute vitesse. Pensez à long terme. Accor n’a pas tenté de devenir le nouvel Airbnb : il a élaboré un plan stratégique jusqu’en 2018 pour redéfinir en profondeur ses prestations, et il vient de lancer une offre de voyages d’affaires destinée aux PME-PMI. Malin, non ?

NE S’ENTOURER QUE DE PETITS JEUNES

Quarante et un pour cent des fondateurs de start-up ont entre 21 et 30 ans et 35% entre 31 et 40 ans, selon une étude Statista. Est-ce une raison suffisante pour donner dans le jeunisme à outrance ? Sûrement pas. Quadragénaires et quinquagénaires ont une expérience précieuse et fourmillent d’idées. Alors, pour vous lancer dans un projet innovant, «n’embauchez pas une équipe toute neuve de moins de 30 ans, piochez aussi parmi vos collaborateurs en interne», insiste Gaëlle Ottan. Les experts, en effet, sont unanimes : la diversité est la clé de la réussite d’un projet.

S’INTERDIRE TOUTE FORME DE PROCESS

La lourdeur des process bride le potentiel des entreprises. «Mais le côté informel, le manque de management et de process propres à la start-up ne sont pas viables à long terme», indique Guilhem Bertholet, PDG d’Invox (contenu marketing) et intervenant à HEC. C’est même épuisant.» Si un management plus horizontal améliore la performance, «une entreprise ne peut grandir en ne comptant que sur l’autonomie de ses collaborateurs». Même dans les entreprises dites libérées, les salariés s’organisent, en élisant des chefs par exemple. Preuve que la structure, ça a quand même du bon !

FAIRE FI DE SON ENVIRONNEMENT

1, 10, 100 millions… les sommes levées par les start-up font rêver. «Mais beaucoup lèvent des fortunes sans business model susceptible d’attirer de vrais clients», rappelle Julien Pouget, créateur de JP & Associés (gestion de talents). Elles sont si centrées sur elles-mêmes leur financement, leur innovation, leur process… – qu’elles en oublient le client. Si sexy soit-il, un modèle doit être rentable et adopté par sa cible. Avec 29,6 millions de dollars de pertes nettes, le prestataire de paiement Square était valorisé à plus de 6 milliards de dollars avant son entrée en Bourse. Sa valeur a fondu de moitié lors de l’atterrissage dans le monde réel.

Il ne suffit pas d’installer des fauteuils multicolores et un baby-foot pour faire comme les start-up ! Si l’on veut s’inspirer intelligemment de leur modèle et gagner en rapidité, il faut assouplir son mode de fonctionnement et faire confiance à ses collaborateurs.» Julien Pougetfondateur de JP & Associés, cabinet spécialisé en gestion des talents

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